Heur et malheur de trois Mathonnet

Trois histoires dans lequelles des Mathonnet se sont illustrés à un titre ou à un autre…

Le major Mathonnet l’a échappé belle !

En 1672, le duc de Lauzun, courtisan ambitieux et sans scrupules, est emprisonné sur ordre de Louis XIV, d’abord à la Bastille puis à la citadelle de Pignerol, en Italie du Nord. Lauzun demande alors à Heurtaut, son fidèle serviteur, de se rendre à Paris pour rencontrer une de ses anciennes maîtresses, Mlle de la Motte-Argencourt. D’un commun accord, ils décident de travailler à l’évasion de leur héros. De retour à Pignerol, Heurtaut rencontre dans une auberge une Française, Mme Carrière, aventurière prête à tout moyennant finance. Elle connaît justement un aide major nommé Mathonnet qui a eu à se plaindre des rigueurs de ses supérieurs. Il suffit de l’approcher et de lui parler discrètement. L’affaire est conclue. Ils font un rapide voyage à Paris pour rencontrer Mlle de la Motte-Argencourt et arrêter le plan de l’évasion. Catastrophe ! Heurtaut est appréhendé aux portes de Pignerol avec les dépêches chiffrées de Mlle de La Motte. Se voyant cerné, il s’ouvre les veines. Les autres conjurés ne tardent pas à tomber aux mains des autorités qui s’aperçoivent qu’en fait le complot était de faible importance et font acte de clémence. L’aide major Mathonnet est libéré à condition de se défaire de sa charge moyennant 2000 écus et de quitter la ville au plus vite. Quant à la dame Carrière, elle accouche en prison d’une grosse fille « quoique son mari n’ait été ici il n’y a que six mois » dit la chronique. Elle sort de la ville dès qu’elle le peut.

(D’après LAUZUN de Jean-Christian Petitfils – édition Perrin)

Le louis d’or de la reine Victoria

Anselme Mathonnet, ( 1848-1934) a d’abord été maréchal-ferrant : il réparait des pics pour les personnes qui cherchaient des cristaux. Il a fait la guerre de 70 dans l’armée de Bourbaki, et, à la défaite, il s’est réfugié en Suisse où il a été employé par un couple suisse sans enfants et qui voulait l’adopter… mais il avait une promise au pays, Marie Bouillet, des Fréaux. Et il l’a épousée. Ils sont partis à Lyon où il a travaillé sur la ligne du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) en tant que mécanicien chauffeur. Un jour, il a eu l’honneur de transporter la reine Victoria qui a tenu à lui serrer la main et lui a remis un louis d’or… disparu depuis !

(Merci à Sophie Mathonnet (Iowa, Etats-Unis) qui nous a rapporté cette histoire)

Le roi et le mulet d’Auguste

On connaît La mule du pape d’Alphonse Daudet. Mais qui connaît l’histoire du mulet du roi ?

Albert 1er, roi des Belges de 1909 à 1934, était un fervent alpiniste. Il se tua d’ailleurs en faisant de l’escalade dans les Ardennes sur les bords de Meuse. Un certain été de 19.., il se rend à La Grave pour s’attaquer à un sommet prestigieux au-delà du glacier de la Meije. Mais pour arriver au pied de la montagne, il a besoin d’être transporté à dos de mulet. Son entourage contacte le maire de La Grave : « Trouvez-nous un mulet qui a l’habitude de marcher sur les glaciers et qui pourra amener sa Majesté sans encombres ». Le maire se renseigne et trouve rapidement la personne qu’il faut : un certain Auguste Mathonnet. A la belle saison, Auguste va régulièrement dans la montagne chercher de la glace pour les hôtels. Voilà l’homme et le mulet qu’il faut. On ne connaît pas la suite de l’histoire, mais on peut supposer que sa Majesté fut satisfaite de son mulet… et de son guide.

(Auguste était le grand-père de Louis Mathonnet né en 1923)